8 JMFTA - ma lettre de soutien par Marie K à Monsieur le Responsable du Servicecomptabilité de la Poste de Villefranche-sur-Saône, Je fais partie des nombreux artistes - amateurs ou non - ayant participé à la 8ème Journée Mondiale du Faux Timbre d'Artiste organisée par Tony Mazzocchin, demeurant à Voiron (38). J'ai personnellement adressé cinq plis dans le cadre de cette journée dédiée à l'ART POSTAL et au TIMBRE POSTE en particulier. Deux à une amie de Lille qui les a reçus sans délai, un à Tony l'organisateur qui l'a reçu également, un à l'un de mes enfants qui ne l'a toujours pas reçu mais n'a pas non plus reçu d'avis de lettre en attente pour cause de surtaxe (les délais d'acheminement de la Poste sont parfois fantaisistes : il est arrivé que des arts postaux DUMENT AFFRANCHIS mettent plus de deux semaines, voire même parfois deux mois, pour parvenir à leurs destinataires, affranchis le plus souvent au tarif prioritaire), et un au peintre Christophe RENOUX qui était le destinataire cette année pour des œuvres destinées à faire l’objet d'une grande exposition à la fin de l'année, étant prévu que la 9ème Journée aurait été celle destinée au Musée de la Poste. Ce dernier pli fait partie des centaines de plis détenus par votre service comptabilité sous couvert de la réception d'une somme de 422,48 euros pour régulariser l'affaire et libérer les courriers en attente.C'est la première année que je participe à cette journée que je ne connaissais pas avant, mais ce n'est pas la première fois que je façonne des timbres afin d'égayer et harmoniser mes arts postaux, sachant qu'il devient difficile dans nos bureaux de Poste de trouver de jolis timbres-poste. Jusqu'alors, j'ajoutais sur mes plis l'affranchissement au tarif légal en vigueur. La consigne de cette 8 JMFTA était DE NE PAS apposer de véritable timbre afin de ne pas diminuer la valeur artistique de l'envoi.
Je dois avouer que je suis choquée, voire scandalisée par la réponse qui a été faite par votre service à cette journée qui se voulait être belle, dédiée à l'art, et surtout à l'art qui voyage par la Poste française. En effet, aujourd'hui, il y a de moins en moins d'envois qui se font par courrier postal. Les factures sont désormais pour la plupart envoyées via le numérique, les gens ne s'écrivent plus puisqu'ils ont la possibilité de s'adresser des emails, des sms, de se téléphoner à moindre coût, tout ceci faisant le bonheur et la fortune des fournisseurs d'accès à Internet ou à la téléphonie. Heureusement pour La Poste, il reste une catégorie d'IRREDUCTIBLES DU COURRIER POSTAL, j'ai nommé les mail artistes. Certains d'entre eux, certains d'entre nous, dépensent plusieurs centaines d'euros par an pour affranchir leurs arts postaux, tous plus beaux les uns que les autres, ce qui fait parfois le ravissement de certains facteurs ou factrices qui ont encore le goût du beau, le goût de l'art, le goût de la couleur, à une époque où malheureusement l'on voit beaucoup de choses sombres autour de nous dans l'actualité, dans les situations parfois difficiles que vivent un trop grand nombre de nos concitoyens, que ce soit en France où ailleurs dans le monde. J'avais même envoyé à La Poste il y a une quinzaine d'années une série d'aquarelles sur papier pour proposer mes services pour la confection de futurs timbres-poste. Ces originaux d'aquarelle avaient été très appréciés et j'avais reçu une réponse (courrier que j'ai encore) me disant à quel point cela avait été apprécié et m'informant que mes coordonnées étaient conservées en tant qu'artiste potentiel pour de futurs timbres, les séries à venir étant déjà programmées. Je n'ai jamais été recontactée ET je n'ai jamais non plus récupéré mes originaux. Je n'ai pas pour autant crié au voleur cependant que dans l'affaire qui me fait vous écrire j'ai appris, via les blogs interposés, que Tony Mazzocchin avait eu au téléphone un grand chef du centre de tri qui disait qu'il "ne pouvait faire marche arrière car tout le monde, en partant du facteur de Christophe Renoux, avait demandé à leurs supérieurs directs ce qu'ils devaient faire ou comment agir devant un tel "crime" !". Nous voilà donc devenus criminels, au nom de l'ART. On se croirait presque dans la fiction d'Orwell, 1984. C'est Tony Mazzocchin lui-même qui s'est proposé de récupérer les œuvres en payant les surtaxes de sa poche. Sauf que la facture est salée : cette somme de 422,48 euros représente le tiers de son salaire ! Ayant moi-même un petit salaire, je peux comprendre la situation. La Poste avec son capital de 3 800 000 000 euros se serait-elle soudain retrouvée en difficulté sans cette somme ? L'acheminement de ces courriers sans surtaxes aurait-il eu une incidence quelconque sur l'équilibre financier de La Poste ? Non, bien au contraire, cela n'aurait pu que valoriser l’image malheureusement déclinante de La Poste.Dans certains bureaux de Poste l'accueil n'est plus ce qu'il était et parfois demander un joli timbre-poste au guichet est presque comme demander la lune. Autrefois, il arrivait que les guichetiers et les guichetières soient les seuls interlocuteurs de toute une journée de certaines personnes âgées et isolées, avec le boulanger. C'était le "petit moment de bonheur" de la vieille dame, du vieux monsieur… Aujourd'hui vous vous présentez au guichet et on vous (é)conduit directement à la machine à affranchir, des fois que… Finis les jolis sourires et les mots aimables. C'est le règne de l'automate, de la machine, machine qui déshumanise les rapports entre les gens, machine qui remplace les emplois que bien des personnes aimeraient pouvoir occuper pour ne pas se sentir les exclus de la société. Mais, comme vous le disiez, "on ne peut pas faire machine arrière…". Les rouages sont enclenchés. Il paraît même qu'à terme l'objectif est "zéro travailleur", rien que des machines et des robots, afin que les individus puissent dépenser sans compter dans leurs loisirs. Oui, mais, comment feront-ils pour s'assurer un revenu s'ils ne sont pas "bien nés" ?J'ignore si vous m'aurez lue jusqu'au bout et si oui, j'espère qu'une petite étincelle s'allumera en vous et vous amènera à réfléchir sur l'avenir, celui de l'homme, celui de l'art, et sur l'absurdité de suivre à la lettre (expression judicieusement choisie) des normes administratives. Si Gandhi n'avait pas prôné la désobéissance civile, l’Inde (pour ne parler que d'elle) serait toujours sous le joug de l'occupant britannique. Pour bien faire, je vais envoyer copie du présent courrier à la direction de La Poste à Paris. J'espère que d'autres me suivront.Je n'ai pas de colère en moi. C'est posément que je vous ai écrit ces quelques lignes, afin de vous faire connaître ma position sur l'affaire qui m'a amenée à vous écrire. Il serait enfin bon qu'en démocratie on prenne en compte les opinions de chacun et que l'on agisse en conséquence.
Marie K.
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